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Cinq passages dans l'ombre ou Trasparenze

Articles

"Paco Dècina ou l'art de fasciner"
Jack Mirbeau, L'Echo du Centre, 22 janvier 1998

Paco Dècina écrit, avec son style si travaillé, si harmonieux, les souvenirs qu'il recherche au plus profond de la mémoire. Le public est invité à traverser ce parcours entre "ombre et lumières", à méditer avec les danseurs créant de magnifiques images. Comment ne pas être fasciné, comment ne pas se laisser porter par cet art si complet proposé et suggéré par Paco Dècina et ses danseurs !

Jack Mirbeau
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"Danse Emoi : Quelle est belle cette biennale !" Le Populaire du Centre, 22 janvier 1998

Inauguré la semaine dernière, Danse Émoi 98 et un bon cru. Mardi soir au Grand Théâtre, le Napolitain Paco Dècina en a mis plein la vue.

Habitué de Danse Émoi, Paco Dècina est un véritable peintre. Avec la danse, il réalise des toiles où la lumière, tel un fusain, dessine les corps, où le mouvement, à l'instar du pinceau, grossit les traits ou au contraire les affine.

Mardi soir, l'artiste napolitain a planté son chevalet chorégraphique sur la scène du Grand Théâtre pour évoquer Pompéi.

Dans cette ville de Campanie ensevelie par le Vésuve en 79, il s'est rendu il y a quelques années avec la photographe Lee Yanor. Elle a ramené quelques clichés, lui des images de corps figés, des silences pesants, des ombres, des transparences, et un cratère. Ainsi sont nés les « Cinq passages dans l'ombre ou trasparenze ». Sur un cercle d'or et de braise, de boue et de lave, installé au centre du plateau, les fantômes surgissent, se fondent et disparaissent derrière une fine toile où sont projetées des images mystérieuses. Sur des corps transformés en statue, les silhouettes s'imposent.

Original et fort, ce Guernica chorégraphique est un mélange d'angoisse et de sérénité, de poésie et d'horreur, de tristesse et d'espoir. Si la mort rôde derrière les voiles, la vie se manifeste à travers les gestes et la musique.

Si le plasticien Dècina est vraiment inspiré, le chorégraphe tourne un peu en rond. Certains gestes répétitifs alourdissent ce discours chorégraphique. Mais ces menus détails ne nuisent en rien à la qualité du spectacle.

Le Populaire du Centre
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"La quête d'éternité de Paco Dècina, danseur immobile" Rosita Boisseau, Le Monde, samedi 28 février 1998

Paco Dècina, Solo. Au Forum culturel du Blanc-Mesnil, 1-5 place de la Libération, 93150 Le Blanc-Mesnil. Infini, les 3 et 4 mars à 20 h 30. Cinq passages dans l'ombre ou Trasparenze, le 6 mars à 20h30. Ciro Esposito fu Vincenzo, le 8 mars à 20h30.

Chorégraphier l'immobilité : une gageure que Paco Dècina soutient avec grâce. Peut-être la longue fréquentation d'œuvres picturales dans son enfance lui vaut-elle ce talent de l'arrêt sur image, où affleure une langueur méditerranéenne. Rien que de très naturel pour ce Napolitain de poser deux hommes figés debout côte à cote ou un garçon allongé soutenant une fille à la renverse. Ses personnages flottent, en apesanteur. Ils viennent de nulle part, n'attendent rien, se contentent d'être là. C'est une rareté dans un monde où l'immobilité semble souvent incongrue. Mais les interprètes de Paco Dècina sont passés maîtres dans l'art de l'immobilité. Un comble !

Ni figurant, ni fantôme, ni plante en pot, ils ont trouvé le point d'équilibre entre présence et absence. Ils vibrent d'une intensité douce. Frémissement de l'espace, épaisseur de l'ombre. Il faut une certitude intérieure pour exister pleinement et résister aux envolées, chutes, sauts qui harcèlent le plateau. Inactifs, mais bel et bien dans l'action, ces danseurs statiques pourraient rester ainsi des heures sans que le ballet s'en incommode ; non plus que le spectateur, happé par ces particules d'éternité. Le regard s'y repose de l'ordinaire efficacité spectaculaire. Délice. Il glisse des danseurs dansants aux autres, sages comme des images. Dans ce va-et-vient, le trouble ouvre à des sensations vaporeuses, un mystère inhabituel.

Mais ces figures recueillies vont elles bouger, comme il se doit ? Evidemment oui ! Avec les bras d'abord, et surtout avec les bras. Car Paco Dècina sait merveilleusement les chorégraphier. Qu'ils ondulent lentement comme des tentacules ou moulinent l'espace avec fermeté, ils sont toujours beaux, volubiles, pleins de nuances. Entravés dans un lainage, ils vivent encore très fort. L'air leur est doux ; l'espace, accueillant. Une secrète volupté émane d'eux. Les épaules roulent avec plaisir, les omoplates, jouent sans ostentation.

Exemplaire, le solo de Paco Dècina intitulé « Infini » dessine de somptueux entrelacs. Musclés, sculpturaux (grâce aux passé sportif du chorégraphe), mais incroyablement gracieux, ses bras déposent les gestes comme une prière. Des accents indiens Émaillent sa partition : poignets cassés, mains encadrant les yeux ou s'offrant comme des fleurs. Paco Dècina a la féminité au bout des doigts au point d'incarner par moments une sorte de divinité mi-homme, mi-femme. Il s'en retourne en frottant tendrement ses pouces contre ses index. Froufrou imperceptible qui résonne pour qui veut l'entendre…

Rosita Boisseau
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"Les jeux d'ombre de Paco Dècina" C. Caupin, Danser

Pour sa nouvelle création, Cinq Passages dans l'Ombre ou Trasparenze, Paco Dècina s'est associé à la photographe Lee Yanor pour composer une série de tableaux où se marient harmonieusement images, ombres, lumières et corps. Légers, comme libérés de la pesanteur, les cinq interprètes offrent une danse fluide et pleine de retenue. Magnifique ce solo de Valeria Apicella. On ne se lasse pas de sa sensualité pudique.

C. Caupin
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Les pas de la mémoire" Quatre-vingt-treize - le magazine du Département de la Seine-Saint-Denis, Octobre 1997

Le chorégraphe italien Paco Dècina monte "Cinq passages dans l'ombre ou Trasparenze" sa nouvelle création au Forum culturel du Blanc-Mesnil, les 10 et 11 octobre prochain.

Suspendus dans l'espace, des photos de regards fixÉs il y a deux mille ans sur les mosaïques de Pompéi observent le public. Les mouvements des danseurs jouent avec les images, en créent de nouvelles, retracent et nourrissent pas à pas l'héritage des hommes. Paco Dècina explique : "Je voudrais donner au spectateur le sentiment que les sons et la musique viennent de très loin, comme s'ils perçaient les voiles du silence. De ce silence Émergeraient doucement les sons : battements de notre corps, de notre mémoire, de celle de nos ancêtres. Mon but n'est pas de faire naître une émotion à l'ensemble des spectateurs, mais d'être un déclic, pour permettre à chacun de réfléchir à sa propre histoire".

Les photos noir et blanc, tirées sur une fine toile, se croisent au regard du spectateur et évoquent les strates de la mémoire. Elles constituent à la fois l'espace et le temps de cette création. Elles sont l'œuvre de Lee Yanor, artiste israÉlienne, dont la danse est le sujet principal d'inspiration. C'est la première fois qu'elle participe à la création d'une chorégraphie. "Entre la danse, art du mouvement, et la photo qui fige l'instant, il y a une contradiction à dépasser pour donner naissance à une nouvelle expression. Dans ce travail, les images ne doivent pas rester. Dans l'esprit du spectateur, elles doivent se fondre avec les corps des danseurs pour ne former qu'un seul et même souvenir".

Paco Dècina a, pendant un an, bénéficié d'une aide à la création de la part du Conseil général sous la forme d'une résidence au Forum culturel du Blanc-Mesnil.

Jusqu'au 8 novembre, Lee Yanor présente dans ce même Forum une exposition de son travail dans "Cinq passages dans l'ombre", ainsi qu'une rétrospective.

le magazine du Département de la Seine-Saint-Denis
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