Le passage du festival Art-Danse à Beaune avec Summa Iru, l'œuvre de Paco Dècina, aura laissé la meilleure image qui soit de la danse contemporaine.
Un peu plus d'une heure de danse, c'est peu ! Mais offert avec une telle densité, une si pleine intensité et tant d'émotion, ce moment a échappé au temps, prenant des proportions au-delà des contingences humaines. Même le rythme, parfois soutenu et l'action, aux ralentis enchanteurs ou aux enchaînements ininterrompus, ont semblé chasser la gravité et l'effort.
Spectacle intelligent
Paco Dècina, ce Napolitain, peintre dans l'âme, est un des plus grands chorégraphes contemporain. Avec Summa Iru, il flirte avec la perfection pour laquelle les quatre danseurs Valeria Apicella, Silvia Bidegain, Jorge Crudo et Paolo Ridelli réalisent des prodiges.
Entre pénombre et lumière bleutée, entre ralentis et enchaînements à la justesse exceptionnelle, les chorégraphies à deux ou à quatre sont un hymne à la beauté plastique. Les gestes glissant les uns vers les autres, simples, d'autant plus beaux qu'ils sont simples, évoluent sur des musiques originales de Christian Calon et Olivier Renouf ou des musiques additionnelles de Sheila Dhar, gruppo di improvisazione nuova consonanza, Chaurasia.
Un esthétisme de bon aloi préside aux différents tableaux quand les déséquilibres créent le mouvement, quand les corps s'enroulent ou s'épousent au sol, pleins de noblesse, la vulgarité ne faisant pas partie du vocabulaire de l'auteur. Les enchaînements sont variés et purs, sensuels. Et tout cela respire l'intelligence.
Le passage du festival Art-Danse à Beaune avec Summa Iru, l'œuvre de Paco Dècina, aura laissé la meilleure image qui soit de la danse contemporaine.
La photo d'un buffle au repos illustre la présentation de la nouvelle pièce du chorégraphe Paco Dècina Summa Iru, qui signifie, en tamoul « reste tranquille : il n'y a rien à faire ». Tranquillité animale, sérénité d'une présence directe au monde, autant d'aspirations pour cet artiste d'origine napolitaine expert dans l'art de chorégraphier l'immobilité. Depuis le 9 novembre, Paco Dècina est à l'affiche des Iles de danses, manifestation travaillant en partenariat avec quarante-huit théâtres d'Ile de France. (…)
Féru de médecine chinoise et de philosophies orientales, Paco Dècina raffine depuis dix ans un entraînement dont la base réside dans le lien de caque organe au cosmos, la perméabilité entre l'être et l'univers. La danse, dès lors, n'appartient presque plus à l'interprète qui devient le médium d'un principe vital. « Cette recherche rejoint un questionnement sur le rapport profond de l'être à la vie et sa capacité à s'accepter tel qu'il est. J'ai abandonné le spectacle pour retrouver la danse et une certaine innocence de la présence. » Du solo Lettre au silence au duo Neti-Neti (ni ceci ni cela), le chorégraphe plie et déplie un corps à la fois plein et poreux, dont la subtilité gestuelle touche à l'essence même du mouvement.
Visu, le festival de Dieppe Scène nationale qui aborde le lien entre le regard et le corps, s'est ouvert jeudi soir. Deux pièces dansées d'inégales durées ont été présentées : "Flamenco" ( 5 minutes), de et par Farid Berki, et "Summa Iru" (55 minutes) de Paco Dècina, une première.
"Summa Iru" signifie en Tamoul, une langue indienne, "rester tranquille : il n'y a rien à faire… !". Et chaque corps ondoie sur scène comme s'il avait lâché prise avec la réalité. Il suit la musique comme il suivrait le souffle perpétuel de l'univers des religions orientales. Inspiration… Les corps se gonflent, s'épanouissent, s'étendent, s'ouvrent. Expiration… Les corps se ramassent, se recroquevillent, en position fœtale. Les mouvements se suivent sans cassures, comme un fil qu'on déroulerait.
Ne pas parler du rapport des corps entre eux serait oublier l'essentiel. Quatre danseurs. Deux femmes. Deux hommes. Les couples se touchent, se frôlent, se caressent, s'emboîtent, avec une infinie douceur. L'homme marche sous les pas de la femme, qui touche le visage et les mains de celui-ci. La sensualité est pure, harmonieuse… un Élément essentiel de la vie.
"Summa Iru" donne au spectateur un peu de l'harmonie avec le monde qu'il dépeint.