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Scilla e Cariddi

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"Scilla e Cariddi Paco Dècina"
Jean-Michel Plouchard, Telex - Danse n° 35 , Mars 1991

Une de ces pièces qui vous touche intimement : vous souhaitez en garder les images pour vous ; surtout ne pas dévoiler, et ne rien dire sinon qu'il faut aller la voir.

S'il doit être un signe de maturité de la "jeune danse" contemporaine, il est d'abord à chercher chez les chorégraphes eux-mêmes. De cela, Paco Dècina serait l'un des plus beaux exemples. Sous forme de divertissements, ses premières créations pouvaient plaire ; personnellement, j'y étais plutôt insensible. L'an dernier, c'est donc un peu sceptique que j'allais voir "Ombre in rosso antico"; attiré par une belle affiche et, disons le, pour une soirée à tuer. Auraient eu lieu deux spectacle ce soir-là, je serais sans doute allez voir l'autre.

Heureusement, il n'y en avait qu'un ! "Ombre in rosso antico" m'a laissé pantois à tel point que je ne sais qu'en dire. Toute de finesse et d'intimité, ce fut sans doute l'une des plus belles pièces que j'ai vue. De ces pièces qui vous touchent intimement, et vous souhaitez en garder les images pour vous ; surtout ne pas dévoiler, et ne rien dire sinon qu'il faut aller la voir.

Mais on aurait pu croire pourtant que le hasard faisant les choses…Ou qu'un trait de génie n'arrivant qu'une fois, Paco Dècina en resterait là, et retour au divertissement. Surtout pas ! Avec sa dernière création "Scilla e Cariddi", s'il est un blâme à faire, c'est celui de la récidive ! Comme quoi le génie, comme le train, sonne parfois deux fois !

Peut être un peu moins puissante qu' "Ombre in rosso antico" (mais une pièce toute jeune à mûrir), "Scilla e Cariddi" nous transporte à nouveau en un monde intime où chacun peut déposer ses rêves et ses désirs. Deux monstres mythologiques, l'une victime de la jalousie, l'autre de sa propre gourmandise ; dévoreuses et pourtant si femmes, gardiennes d'un temps obscur où les hommes aiment et s'abîment."Monstres, gardiens, depuis toujours Scylla et Charybde assument des formes et des significations différentes. Témoins des passages, ils gardent la mémoire, les fragments, les secrets de tous ceux qui, comme nous, sont obligés de franchir ce passage". (Paco Dècina)

Après "Ombre in rosso antico" et "Scilla e Cariddi", s'il doit bien être une maturité de la danse contemporaine, je crois que Paco Dècina l'atteinte ; attention à la récidive de la récidive !

Jean-Michel Plouchard
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