© Benjamin Renout Agence Enguerand
Indigo, c'est une fréquence, une vitesse, un plan, une densité, un espace, une qualité de regard, un seuil de sensibilité, une matrice colorante, une vibration chromatique, un état d'âme qui métamorphoserait la masse des corps dansants en les rythmant avec ses propres fréquences. Indigo, c'est la couleur profonde de la nuit quand celle-ci se prépare déjà secrètement à se teinter de pourpre.
Cette création de la Compagnie est une nouvelle étape dans le processus de la recherche qui interroge l'intuition et la mémoire comme soutien du mouvement dansé. Accompagnée par l'inspiration poétique et l'écoute du vécu corporel, l'intuition nous relie au souffle de tout ce qui existe, avec ou sans forme, avec ou sans nom.
Dans cette unité, la danse prend corps comme l'écho d'une voix renvoyée à un moment donné par la configuration du paysage environnant.
Le travail d'une pièce est d'accueillir et de donner l'espace à l'expression de cette unité qui veut prendre forme.
Depuis plusieurs années, je m'interroge sur ce que la danse dévoile et met en lumière, comment elle transforme la masse des corps en mouvement et comment ses rythmes et ses fréquences nous révèlent quelque chose de "l'impalpable".
Dans la théorie ondulatoire qui considère la lumière comme une vibration chromatique, l'octave qui représente le spectre des couleurs n'occupe qu'une petite place dans l'échelle des phénomènes vibratoires et c'est la seule qui peut être visible à l'oeil humain.
Pour être visible la lumière doit rencontrer un obstacle sur lequel se réfléchir et ainsi se projeter ailleurs. Par cette "rencontre-impact" elle révèle les formes et nous permet de les nommer. Même dans l'obscurité la plus totale, les formes continuent à exister, elles sont juste temporairement invisibles et sans nom.
C'est cet aspect révélateur de la lumière que je retrouve dans la danse et que j'ai envie d'interroger.
Comment, guidés par l'intuition, la danse nous révélerait nos "possibles" momentanément enfouis.