© François Crignon
Lettre au silence est née du besoin d'approfondir l'expérience du solo commencée avec " Infini, hommage à Christian Ferry-Tschaeglé ", et de l'envie d'ouvrir un autre espace d'expression, parallèle à celui du chorégraphe, plus intime, plus silencieux, où l'absence de la parole fait s'approcher de plus en plus la danse. L'invitation de la chorégraphe américaine Teri Jeanette Weikel à participer, avec un solo, à son projet pour le Festival de Pavullo nel Frignano m'a donc tout de suite captivé.
Le projet de Teri J. Weikel, intitulé "Calligrafia, calcolo, tracce e piccole danze", est une recherche et une interprétation chorégraphiques d'une collection d'oeuvres plastiques de Raffaele Biolchini, sculpteur italien de Pavullo, mort en 1994. Cette collection se constitue de plusieurs lettres ("Lettere a ..."), ou tablettes de terre cuite, sur lesquelles l'artiste a gravé les signes d'une écriture abstraite, imaginaire ou secrète. Cette écriture hermétique, silencieuse, nous interroge en même temps qu'elle échappe à toute logique de déchiffrement. Elle ouvre l'espace d'un signifiant intuitif, qu'aucune parole ne pourra révéler, et qui nous regarde comme s'il avait toujours été là, précédant toute possibilité de signification. C'est un texte muet, fait de signes de matière, d'incisions d'ombre et de lumière, comme l'invitation à un parcours mystérieux dans la clarté astrale de la Mer de la Tranquillité...