logo cie Paco Décina

Intervalle

Articles

"Avec Intervalle, Paco Dècina parle et danse d'amour"
Jean-Dominique Burtin, La République du Centre, 27 janvier 2005

Plénitude. Ils dansent au cœur de l'air, à même le sol, à fleur de peau, entre les bras les uns des autres, à bout de doigts, de tout leur corps et c'est de toute beauté. Ils, ce sont tout d'abord Valeria Apicella et Orin Camus, accompagnés par le pianiste et compositeur Xavier Klaine. Puis leur succèdent, sur une musique d'Olivier Renouf, Noriko Matsuyama et Rodolphe Fouillot. Dans chacun de ces duos "regroupés sous le titre Intervalle, le chorégraphe Paco Dècina, maître du temps qui filtre, et qui nous avait déjà enchantés la saison dernière avec Soffio, nous offre le présent d'un peu plus d'une heure de pur bonheur . Place ici à deux couples et à chaque fois à deux êtres qui s'aimantent, rayonnent, s'approchent et se repoussent, s'épousent et s'apaisent. Avec sensualité, une souveraine fluidité, une infinie délicatesse et des performances extrêmes qui ne semblent pourtant que couler de source, ces quatre interprètes sont d'une grâce absolue. Sous les lumières de Laurent Schneegans, ils se dansent et se disent comme on aime. Toujours par-dessus tout.

Jean-Dominique Burtin
Haut de page

"La juste distance"
Philippe Verrièle, Le Journal des Spectacles, 22 décembre 2004

Intervalle de Paco Dècina, une pièce chorégraphique dans laquelle deux duos s'entrelacent, sans anecdote, autorise toutes les interprétations sur les figures du couple même si ce n'est pas l'intention de l'auteur. Pour une fois, il est utile de savoir comment la pièce a été faite. De savoir que Paco Dècina est resté fidèle à cette démarche qui, depuis Neti-Neti (2000), lui fait refuser le moindre support d'anecdote. Ici, juste un piano en fond, pas de décor, un homme, une femme en deux duos : celui dansé par Valeria Apicella et Orin Camus puis par Noriko Matsuyama et Rodolphe Fouillot. Aucune autre matière que la danse seule, une danse très pure et intérieurement virtuose (question de concentration et de maîtrise du rythme, alternativement lent puis accéléré). Tout est une affaire de relations emmêlées et induites par le partenaire. Le premier duo Étudie les relations intriquées, amenant l'homme à pénétrer dans la sphère d'intimité de la femme, complétant les vides par son plein, sur une musique composée et interprétée par Xavier Klaine, d'une retenue extrême. La distance qui unit les interprètes - Puis lui se couche, un autre prend la même pose, le pianiste se lève et sort, une nouvelle danseuse entre ; le premier danseur est sorti. La transition permet de ne pas opposer les deux parties, elles sont les deux volets d'une proposition travaillée d'une seule pièce. Cette fois la distance unit les interprètes, la bande-son, étrange, oblige à une attention nouvelle. Le regard reste entre ces deux corps et piste la tension. Certes, il n'est question que de la distance juste des corps quand ils abordent le territoire de l'Autre. Mais, comme le faisait, en son temps, remarquer Cunningham, lorsque deux êtres entrent sur scène, il se raconte déjà quelque chose... Inutile d'en rajouter. Et l'histoire que permet de se raconter cet Intervalle est celle de toute histoire de couple qui veut durer et donc trouver la distance juste entre la fusion et l'autonomie. Il s'agit présentement d'un excès d'interprétation, mais ce double duo superbe autorise parfaitement cet abus, d'autant que c'est aussi l'histoire des danseurs.

Philippe Verrièle
Haut de page

"Intervalle"
Rosita Boisseau, Télérama, 8 décembre 2004

Faire vibrer l'intervalle entre deux corps, en faire sentir l'élasticité, la subtile tension, Paco Dècina sait faire. Ce chorégraphe, qui met aussi merveilleusement en scène l'immobilité des êtres, raffine un geste sobre et sensuel dont la portee dépasse le seuil du spectaculaire. Contempler Paco Dècina en train de danser entraîne le spectateur dans une voie spirituelle rare. Une danse qui fait du bien et dont on sort serein, ça ne se refuse pas. Le spectacle Intervalle propose deux duos : l'un sur une musique originale au piano de Xavier Klaine, l'autre sur une composition d'Olivier Renouf.

Rosita Boisseau
Haut de page

"Eloge de la lenteur"
Cécile Favier, Presse Océan, 3 juillet 2004

Paco Dècina vient de présenter Intervalle, une pièce chorégraphique dans laquelle deux duos s'entrelacent, comme les deux versants d'une même idée : celle de la lenteur.
Un homme, une femme, deux duos : celui composé par Valeria Apicella et Orin Camus et celui formé par Noriko Matsuyama et Rodolphe Fouillot. Un premier et un deuxième duo ? Une matière chorégraphiée ? Peu après cette troisième représentation de l'année de sa pièce Intervalle, créée en mai 2004 lors d'une résidence à Falaise (Calvados), Paco Dècina explique sans se justifier : « Matière, cela signifie pour moi quelque chose d'informe que l'on saisit, précédé d'une intuition, quelque chose de l'ordre de la compréhension. La lenteur est apparue seule. Elle contient la rapidité et oblige à l'honnêteté avec soi-même. La danse est cet instrument de connaissance de soi et des autres. »

La partition monotonale pour piano, écrite et interprétée par Xavier Klaine, commence par esquisser un espace suspendu. Puis, d'instant en instant, l'intense lenteur des gestes le métamorphose. Chaque forme se meut et s'étire avec mansuétude et fermeté (…). Le spectateur n'est pas placé devant ou face à Intervalle, mais à l'intérieur d'un entre-temps chorégraphique, qui mène d'un lieu à un autre, sans que la question du début ou de la fin se pose. Son regard entre dans les plis d'une texture, construite de micromutations et de microruptures nécessaires et infinies. Les courbures anguleuses écrites par Paco Dècina ouvrent en chaque interprète, féminin et masculin, un espace auratique, qui accueille toutes les possibilités d'un corps habité et traversé par la relation à l'autre, vécue comme expérience d'ajustement et de territorialisation. Regardants et regardés se retrouvent dans un lieu décloisonné qui les oblige à fermer les yeux pour mieux voir et à dépasser l'évidence du visible gestuel. Proche et lointain en même temps.

Cécile Favier
Haut de page

"Intervalle, un entrelacs de duos en hommage à la lenteur"
Emerentienne Dubourg, La Terrasse, décembre 2004

Paco Dècina est un chorégraphe réputé pour la finesse et la minutie de son écriture. Même fulgurante, la trace du geste qu'il écrit laisse dans l'espace une broderie de mouvement. Quoi de plus évident pour lui d'exploiter cette notion de «l'espace entre». Paco Dècina exploite le registre de la lenteur dans lequel la notion d'intervalle se matérialise, incarnée par Valeria Apicella et Orin Camus, Noriko Matsuyama et Rodolphe Fouillot. Ces quatre danseurs constituent deux duos qui s'interpénètrent jusqu'à former la trame de la matière chorégraphique. Ceux-ci entrent en symbioses successives sur la musique originale interprétée au piano par Xavier Klaine. Intervalle ne se permet aucun mouvement ni aucune fausse note. La pièce ne laisse voir au public qu'un fil conducteur dont il ne quitte pas l'intensité, reliée à chaque interprète.

Emerentienne Dubourg
Haut de page