Exemplaire, le solo de Paco Dècina intitulé Infini dessine de somptueux entrelacs. Musclés, sculpturaux (grâce au passé sportif du chorégraphe), mais incroyablement gracieux, ses bras déposent les gestes comme une prière (...) Paco Dècina a la féminité au bout des doigts au point d'incarner par moments une sorte de divinité mi-homme, mi-femme. Il s'en retourne en frottant tendrement ses pouces contre ses index. Froufrou imperceptible qui résonne pour qui veut l'entendre ...
Infini est un hommage destiné à Christian Ferry-Tschaeglé, mort en février 1996. Compagnon de recherche artistique de Dècina dix ans durant, le disparu avait accompagné le développement de la danse contemporaine avec une intelligence rare et collaboré amicalement à diverses occasions avec la biennale limougeaude. " Cet hommage, dit Dècina, est un travail qui est né dans le silence : il n'y avait que la parole de la musique et celle du coeur. Le titre est apparu comme s'il voulait préserver un dernier mystère, et sans limites, comme pour avoir le maximum d'espaces à offrir. C'est pour moi l'opportunité de lui souffler encore quelques paroles et pour le public, la possibilité de rencontrer son regard..."
Il y a des programmateurs qui marquent leur Époque. Disparu dans le plus grand silence, ou presque, l'oeil de Christian Ferry-Tschaeglé manque. Non seulement son oeil, mais aussi la manière qu'il avait d'accompagner sans faillir les artistes auxquels il croyait.
Ardent défenseur de la danse dans ses formes les plus audacieuses, Christian Ferry-Tschaeglé, programmateur, a accompagné nombre de chorégraphes et aidé autant la diffusion que la création. Dans le cadre de sa résidence chorégraphique au Forum Culturel du Blanc-Mesnil, Paco Dècina programme trois soirées qui réunissent la plupart de ceux qui ont travaillé avec Christian Ferry : Catherine Diverrès et Bernardo Montet, Caterina Sagna, Francesca Lattuada ...