Calligraphié par Zhou Jing Hung
Huà est l'idéogramme du chinois ancien qui signifie "métamorphose" : il est représenté par un homme debout, vivant, face à un homme renversé, mort. Cela veut dire que la métamorphose affecte la forme de l'être, et non son Énergie qui demeure continûment par-delà les variations de la forme.Elle se distingue alors du "changement" (Bian), où la forme demeure identique tandis que l'énergie a modifié son cours.
Pour les anciens Chinois, le changement radical de la forme ne veut pas dire changement de l'être. A travers le pictogramme et sa représentation figurative, et l'idéogramme, qui les associe en ordre complexe, la langue chinoise frappe directement notre intuition sensible et notre pouvoir de représentation avant que ces représentations ne soient organisées en mots, concepts ou idées. C'est comme toucher directement au coeur de l'homme.
Cette façon de penser et de représenter le monde se rapproche de la danse, qui frappe et passe directement par la sensibilité, en dégageant un espace vécu de "l'impensé" avant que cet espace ne soit assujetti à la pensée. Le corps du danseur donne son épaisseur à cet espace, comme pour témoigner d'une autre possibilité à être, comme pour ouvrir une autre possibilité à la pensée. "Huà, un homme vivant face à un homme mort" est une recherche chorégraphique sur les mondes des passages et des mutations, de la forme et de l'énergie, du corps comme signe de "l'impensé" en mouvement.
