© Lee Yanor
Ces petites blessures de l'invisible qui laissent apercevoir, dans un espace vide qui semble ne contenir plus rien de perceptible, la coulée continue de nos sentiments. Petites fissures, au temps suspendu, qui nous amènent dans ces petites pièces où le vide semble prendre la place des corps, des corps lointains, dont l'histoire est perdue derrière les fentes.
Immense blessure submergée des terres, ce petit temps suspendu nous souffle à l'oreille ce quelque chose d'imperceptibe qui nous accompagne dans le silence.
Ces petites pièces alors sont des chambres vides, avec pour décor un plateau nu, habité par la lumière et par quelques objets, comme des pierres, pour nous faire sentir encore plus grande la vacuité de cet espace, des pierres volcaniques, parce qu'elles ont plus d'histoire et plus de passion à mes yeux.
Ce sera la première fois que je jouerai dans un théâtre déshabillé, sans coulisse, sans fond de scène, sans cette frontière magique de velours noir où, en un pas, on est dedans ou dehors. Il n'y aura que la lumière pour peindre les mondes des interprètes, pour leur sculpter un décor, pour morceler leurs corps, pour éclairer leurs sentiments et pour remplir le vide, il n'y aura qu'eux, avec eux-mêmes, avec leurs rêves, là où j'entends le rêve comme une réalité subtile que l'on arrive à percevoir plus facilement peut-être dans le vide, comme dans ce vide du sommeil , un vide qui laisse nos corps derrière des murs percés.
Ces fissures alors sont des solos, des duos, des trios, des petits ensembles qui, comme des vagues, s'entrelacent, se chevauchent pour nous parler d'une mer plus grande, d'un océan caché derrière les murs, les murs de tous les jours, les murs d'un oeil distrait.