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Mare rubato

Sylvère Lamotte Vincent Deletang

© Laurent Lafolie

Cet océan immense, vide, arraché aux souvenirs, cet espace ravi, volé, dérobé chaque jour qui passe, a cette volonté insupportable de vouloir toujours être là, survivant de quelque chose, cette eau riche, dépositaire des trésors, salée par la sueur de tous ceux qui ont sombré.

Cette mer de silence, submergée de terre, cachée, qui flotte à chaque pleine lune, cette eau secrète, baignée par un soleil déteint, pâle, hivernal, cette mer âgée, usée, fatiguée de nous parler à chaque fois que l'on ferme les yeux, cette eau feutrée, ouatée, perdue au-delà des "Colonnes d'Héraclès" comme un vertige nous berce, nous souffle à l'oreille, nous pousse loin, avec le vent nous accompagne, silencieux à chaque instant, sans faire de bruit, loin, vers l'horizon au large de nos représentations permanentes.

Paco Dècina
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